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Campagne du Soldat René CYNE

88éme Régiment d'Artllerie Lourde

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René CYNE est appelé au service actif le 7 octobre 1907 et rejoint le 10ème Bataillon de Chasseurs à Pied basé caserne Chérin à Saint Dié.


Il est nommé 1er canonnier servant le 5 octobre 1908.


Il est mis en disponibilité le 25 septembre 1909, un certificat de bonne conduite lui est accordé.


Il fait une période d'exercice au sein du 10ème Régiment d'Artillerie Lourde du 19 août au 10 septembre 1912.


Rappelé le 1er août 1914 il rejoint le 3ème Régiment d'Artillerie Colonial le 5 août 1914.



Le 29 juillet 19 h, le 3ème R. A. C. se trouvait aux environs de Coetquidan (Morbihan), où il alitait exécuter ses écoles à feu. Rappelé d'urgence et embarqué en chemin de fer, il rentra au fort de Charenton le 30 juillet. Le 2 août, l'ordre de mobilisation trouve tout le monde est prêt à faire son devoir.

Les unités se mobilisèrent sur les glacis du fort de Charenton et les groupes quittèrent successivement la garnison et la ville de Charenton. Le 3ème R. A. C. mobilisa au 2 août quatre groupes de 75 de campagne, formant l'artillerie de corps du corps colonial, un état-major et un échelon de parc du même corps colonial.

Le 1er groupe est mobilisé à Toulon, les 2ème, 3ème, 4ème groupes sont mobilisés à Paris. Le 1er groupe rejoignit le régiment à Revigny, dans la zone de débarquement ; puis, toute l'artillerie de corps participa, avec le corps colonial, aux marches de concentration et d'approche de l'ennemi, en continuant et perfectionnant l'instruction technique des unités sur le pied de guerre.

On marcha vers l'ennemi par l'itinéraire Revigny, Neuville-sur-Ornain, Evres, Véry, Bantheville, Dun-sur-Meuse, Monzay, Chauvency-le-Château, où l'on cantonne le 21 août. Le 22 août, la brigade arrête un corps d'armée allemand. L'avant-garde de la 3ème D. I. C. occupe Saint-Vincent. Le 22 août, au cours de la marche vers Neufchâteau (Belgique), l'avant-garde et le gros de la 3ème D. 1. C. sont fortement attaqués par l'ennemi au nord de la Somoy (dont les ponts sont bientôt coupés) et entre la Sernoy et Saint-Vincent (Belgique).

Le 3ème régiment d'artillerie coloniale double au trot les formations d'infanterie qui l'encadrent et le précèdent. A la route nord de Saint-Vincent, près d'un petit bois, se trouve le P. C. du général Lefebvre, commandant le C. A. C., son état-major et une ambulance. Au moment où parviennent les reconnaissances, ce groupe est bombardé par du 77 ennemi qui cause des pertes.

En une heure, les 2ème et 3ème groupes sont déployés dans les avoines mûres : le 2ème groupe a ses batteries dirigées vers trois points cardinaux; le 3ème groupe, installé aux lisières d'un bois, à l'ouest de Saint-Vincent, est orienté vers le nord-est; le 4ème groupe est embouteillé dans Saint-Vincent avec les échelons des trois groupes.

A partir de 13 heures, les 2ème et 3ème groupes se replient sur la direction Limes - Breux, vers la frontière belge. Le 4ème groupe, dont le commandant faisait de vaines reconnaissances faute de renseignements sur la situation, restait toujours à Saint-Vincent.

La 8ème batterie est mise en batterie sur le petit plateau à l'ouest du cimetière et ouvre le feu sur les Allemands qui débouchent à moins de 800 mètres de boqueleaiix au nord. La 7ème batterie est ensuite mise en batterie en arrière et à l'est du cimetière, mais elle est gênée par des feux de mousqueterie provenant du cimetière. La 7ème batterie du 3ème R. A. C., rassemble quelques servants et nettoie le cimetière. à la baïonnette. La 2ème batterie et les échelons sont toujours dans Saint-Vincent.

La rupture du combat se fait par échelons de batterie, les échelons en queue, mais les Boches ont progressé et, vers 16 heures, attaquent les lisières nord et ouest de Saint-Vincent. L'artillerie parvient néanmoins à se dégager sous le feu en perdant du personnel, 90 chevaux, 11 caissons et des voitures du train de combat. A 18 heures, elle reçoit l'ordre de rallier le régiment entre Limes et Breux, où le régiment entier bivouaque sur la route.

La journée avait été très dure : le 2ème R. A. C., artillerie de la 3ème D. I. C., avait tout entier été anéanti ou capturé au nord de la Semoy; le 3ème R. A. C. avait été très éprouvé, avait subi des pertes sensibles; les échelons de parc étaient venus offrir, jusqu'à Saint-Vincent, leur ravitaillement inutile, de l'incertitude des positions réellement occupées par nos troupes.

Dans la matinée du 23 août, le 3ème R. A. C. était reconstitué et recomplété au moyen des ressources du P. A. en personnel, chevaux, matériel, munitions. Il était, dès 8 heures, envoyé renforcer la 2ème D. 1. C. vers Pinizel. Les quatre groupes furent engages.

Le 1er groupe est en avant-garde, vers Jamoigne. Les trois autres comme appui de la 2ème D. I. C. Dès 13 heures, les grouipes, camouflés par des gerbes d'avoine, furent repérés par l'ennemi, grâce sans doute à leurs lueurs, et furent soumis à des tirs violents et bien réglés de 105 fusants et percutants et de quelques 155 percutants. A notre grande surprise, ces tirs, très impressionnants par leur bruit, furent peu efficaces, bien que très correctement réglés comme portée et hauteur d'éclatement. Sauf pour les chevaux des états-majors qui, portés trop en avant aux P. O., subirent des pertes très sensibles; les batteries furent peu éprouvées, quelques blessés seulement.

Les Allemands tiraient aussi à obus incendiaires, car, dès les premiers projectiles, le village d'Izel, où étaient installés quelques postes d'observation, fut la proie des flammes. Sur l'ordre du colonel, le 2ème groups se replie sous le feu, sans accidents graves, vers 15 heures, mais fut remis en batterie aux mêmes emplacements, toujours sous le feu.

Dans la journée, l'artillerie apporta une aide efficace aux fantassins de la 2ème D. I. C., souvent pressés de très près. Son efficacité eût été beaucoup plus grande si on avait disposé de téléphones pour transmettre les renseignements, et d'instruments d'optique à grand grossissement pour discerner les troupes amies des ennemies.

A la nuit tombante, la plaine s'illumina des lueurs de très nombreuses batteries allemandes qui furent contrebattues et les groupes se replièrent dans l'ordre, poursuivis, mais sans dommage par les tirs, notamment à obus éclairants, de l'artillerie allemande. L'armée allemande ne gêna pas notre retraite.

Le 23 août, la 2ème D. I. C. avait eu l'impression qu'elle pouvait contenir l'ennemi, mais elle se repliait par ordre du général en chef qui reculait son dispositif. La retraite commençait, rendue angoissante par les longs convois de populations civiles fuyant, à juste titre, devant l'invasion. Le 3ème R. A. C. se replia, avec le C. A. C., par l'itinéraire Signy, Thonne-le-Thil, Chauvency-Saint-Hubert, Lamouilly.

Le 25 août, la 2ème D. I. C. essaie de retarder l'ennemi au passage de la Chiers; elle est appuyée directement par le 1er R. A. C., et le 3ème R. A. C. est mis en position de surveillance entre Chiers et Meuse.

Dans la nuit du 25 au 26 août, le 3ème R. A. C. traversa la Meuse dont les ponts furent ensuite détruits et vint bivouaquer au sud-est de la forêt de Jaulnay, les officiers vivant avec la troupe et partageant les pénibles conditions d'un bivouac sans abri sous la pluie.

Le 3ème R. A. C. est mis à la disposition de la division Leblois pour organiser et appuyer la défense de la position Bois de Jauluay, Lucy, Cesse. Le 27, l'ennemi attaque la position qui est défendue énergiquement par les marsouins appuyés par leur artillerie. La lutte ayant lieu dans les bois, l'artillerie fait surtout de la contre-batterie et exécute, en particulier, quelques tirs réussis sur des unités d'artillerie allemande s'installant vers Pouilly.

A 16 heures, la rupture du combat est ordonnée et, pour l'appuyer, les 2ème et 4ème groupes du 3ème R A. C., renforcés par 1er du 1er R. A. C., reçoivent l'ordre de s'établir en position de crête pour tirer à vues directes sur les Allemands qui tenteraient de déboucher et les clouer sur place. Ce tir, le premier barrage de la campagne, fut exécuté avec une violence inouïe et fit reculer les Allemands jusqu'à la lisière nord de la forêt. Les pertes de l'infanterie avaient été très lourdes, celles de l'artillerie étaient légères.

Le 28 août, la 2ème D. I. C., épuisée, est. relevée par la 5ème brigade et trois groupes du 3ème R. A. C. ainsi que deux groupes du 1er R. A. C., sont mis sous les ordres du lieutenant-colonel Husson, à la disposition du 12ème corps qui tient le secteur de gauche. Les 2ème et 4ème groupes font une marche splendide sous le feu de l'artillerie allemande, traversent Beaumont et s'installent vers la Thibaudine où les batteries s'engagent successivement au fur et à mesure que les objectifs ennemis se révèlent.

Le commandement et la liaison sont assurés par des cavaliers. Les objectifs sont assignés par le commandant de l'infanterie qui en indique la position et le moment de les attaquer. Les résultats de cette méthode sont décisifs : les unités allemandes qui ont pénétré sur la rive gauche de la Meuse dans les bois de la Belle-Epine, de l'Hospice et du Fond-de-l'Amour, sont décimées et refluent en désordre; la 7ème batterie se porte en avant sur les hauteurs dominant la Meuse et canonne les colonnes qui retraversent la Meuse.

Le 29 et le 30, étapes par Oches, Verrières, Brieulles, Authe, Germont, Boult-aux-Bois, Falaise. Le 31, bataille d'arrêt entre Brieulles et Authe. Le 3ème R.A.C. fait surtout de la contre-batterie dans la région Verrières, Petites-Armoises. Le régiment est pris à partie par l'artililerie ennemie et éprouve des pertes sérieuses.

Le repli, ordonné à 15 heures, fixe un itinéraire vu de l'ennemi qui bombarde les batteries sur route avec du 210 parfaitement réglé. Les 3ème et 5ème groupes éprouvent d'assez grosses pertes en matérel (caissons sautés) en hommes et en chevaux. La retraite se poursuit le 1er septembre par Croix-aux-Bois, Grandpré, Montchentain, Gratreuil où a lieu le 2 septembre une nouvelle bataille d'arrêt : l'artillerie n'y exécute que quelques tirs systématiques sur zones, puis le repli continue

Le 3, le 4 et le 5 septembre par Cernay-en-Dormois, Ville-sur-Tourbe, Minaucourt, Laval, Auve, Dommartin-sur-Yèvre, Varimont, Bussy-le-Repos, St-Jean-aevant-Possesse, Heiltz-l'Evêque, Domprémy, Favresse, Thiéblemont, Orconte. Durant ce repli, un groupe affecté à l'arrière-garde et se replie par échelons de batteries en occupant à chaque passage de crête des positions d'où il pourrait immobiliser l'ennemi. Mais l'ennemi n'est pas mordant, son artillerie est généralement silencieuse et n'exécute que quelques tirs à grande distance sur les routes encombrées de convois de civils fuyant l'invasion et y causant quelques pertes.



Bataille de la Marne et poursuite.



Le 5 septembre, le C. A. C. est reconstitué; la 3ème D. I. C., reformée sera appuyée par le 3ème R. A. C.

Du point de vue de l'artillerie du C. A. C., la bataille de la Marne est assez confuse, car si on avait reformé l'infanterie de l 3ème D. I. C., elle n'avait point d'artillerie propre, en sorte que l'artillerie de corps assurant le service de la 3ème D. I. C. et des renforcements fut fréquemment appelée à remplir des missions diverses entraînant d'importants changements de positions.

Le 6, les 2ème et 3ème groupes appuient la défense de la 5ème brigade vers Ecriennes, objectifs sur Villotte; les 1er et 4ème groupes, affectés d'abord à la 36ème brigade (vers Favresse) durent fournir deux batteries, pour renforcer, à 9 heures du matin, l'artillerie de la 2ème D. I. C. vers Montcetz-l'Abbaye.

Après une mise en batterie au galop en bataille dans la plaine de Montcetz, les deux batteries furent renvoyées appuyer la 3ème brigade aux emplacements du matin. Les quatre groupes exécutèrent sur les lignes ennemies (déjà jalonnées de petites tranchées), des tirs efficaces. Ils arrêtèrent, en plusieurs points, le débouché des colonnes ennemies sortant des bois qui bordent la Saux. Toutes les positions sont maintenues malgré la poussée violente de l'ennemi et les pertes sérieuses.

Le 7, le 2ème C. A. étend son front sur notre droite; toute l'artillerie de corps est engagée dans les ravins au sud-est d'Ecriennes et sur le plateau, les batteries éprouvent des pertes sérieuses mais contiennent l'ennemmi. Le 8, à 10 heures, le 3ème groupe est mis à la disposition de la division Goullet, et va dans la région de Meix-Thiercelin, appuyer les 2ème et 4ème groupes sont mis à la disposition de la 7ème brigade métropolitaine.

La bataille dure trois jours sans changement de position, l'ennemi, malgré ses efforts, ne peut nous entamer, bien qu'il ait fait appel à sa plus grosse artillerie. Nos pertes sont sensibles, mais conformément à l'ordre du général en chef, nul ne songe à reculer ni à regarder en arrière.

Les routes sont intenables, l'ennemi exécute les premiers tirs d'interdiction, aussi toutes les unités bivouaquent-elles à leurs positions de combat, généralement dans des meules de blé ou de paille. L'artillerie, aussi bien française qu'ennemie, fait une grosse consommation de munitions.

Le 11 septembre, au soir, commence la poursuite par l'itinéraire Hanssignemont, Domprémy, Heiltz-l'Evêque, Vanault les-Dames, Possesse, Novilien, Doinmartin-sur-Yèvre, Voilemont, Augers, du 11 au 13, sans combat, sous une pluie froide et intense. Le 2ème groupe, seul, a l'occasion d'intervenir en bombardant à grande portée les queues des colonnes ennemies qui montent les pentes de Valmy le 13 septembre, vers 14 heures.

Le 14 septembre, on continue la poursuite par Dommartin-la-Planchette, Breux-Sainte-Gohière, Maffrecourt, Courtemont, Berzieux. Au débouché de Berzieux, les colonnes sont prises sous un feu d'artillerie ennemie, les groupes se déploient et s'installent en batterie. Le 3ème R. A. C. s'installe de part et d'autre de la route Berzieux-Ville-sur-Tourbe, et contrebat l'ennemi.

Le 15, ordre est donné d'attaquer les positions ennemies pour les enfoncer. Les tirs du matin paraissent peu efficaces, effectués à très longues distances; les 3ème et 4ème groupes vont reconnaître des positions au nord de la Tourbe, à moins de 500 mètres des lignes ennemies. Le 2ème groupe occupe la rive nord de cette rivière; il est retiré le soir de sa position aventurée où il a éprouvé des pertes sensibles.

Le 15 et le 16, attaque infructueuse des posnions de la Main-de-Massiges, où l'on parvient péniblement à s'installer au Cratère. Le 17, l'enfoncement de l'ennemi sur la Main-de-Massiges ayant échoué, trois groupes, sous les ordres du lieutenant-colonel Husson sont mis à la disposition d'abord du 17ème C.A., puis de la 2ème D. I. C. qui a étendu son front jusqu'à Minaucourt inclus, pour déborder la Main-de-Massiges, par Maisons-de-Champagne à l'ouest. Les difficultés d'engagement des troupes sous la pluie violente et dans le terrain détrempé font renoncer à l'attaque prévue.



Stabilisation.



Alors, commence la longue période de stabilisation. Le 3ème R. A. C. a ses 1er et 3ème groupes appuyant la 3ème D. I. C. et installés dans la région de Berzieux. Ses 2ème et 4ème groupes à Minaucourt appuient la 6ème brigade à l'ouest du secteur du C. A., en liaison avec le 17ème C. A. sur notre gauche.

La période de stabilisation, imposée par le manque de munitions, ne fut pas une période de repos et d'oisiveté pour le 3ème R. A. C. Il s'installa sur ses positions, y construisit des casemates pour les pièces et peu à peu, des abris plus ou moins protégés pour son personnel et pour les postes d'observation. On bâtit des écuries pour les chevaux des échelons.

Chacun des trois groupes a un jour de repos sur trois et va au cantonnement de Minaucourt (d'ailleurs médiocre et battu par le feu de l'ennemi). De nuit, une batterie est de veille prête à intervenir dans le secteur.

La phase de stabilisation que nous considérons ici durera jusqu'au 15 août 1915, commencement de la préparation de la bataille de Champagne. Cette période fut néanmoins marquée par d'assez violents combats qui constituaient les offensives de détail de l'époque et, qu'on eut appelés à la fin de la guerre des coups de main ou des reconnaissances, bien que les effectifs engagés fussent assez importants. Parmi ces opérations, les unes furent défensives, les autres offensives.



Combats défensifs de la première période de stabilisation.



Le 26 septembre, à 4 heures du matin, au moment où le 1er groupe du 3ème R. A. C. remplaçait le 1er groupe du 1er R. A. C. sur ses positions à Minaucourt, toute la position était violemment battue par des fusants allemands, très gênants en raison de l'appréhension désormais manifestée par les chevaux, très courageux au début de la campagne tant qu'ills n'avaient pas subi de pertes.

A la faveur de ce bombardement important, l'ennemi s'infiltre d'abord, repousse nos avant-postes, progresse jusqu'à la ferme Beauséjour, en face de nous et sur notre gauche, vient jusqu'aux environs de Balcon d'où il décime nos batteries par des tirs de mousqueterie. Notre artillerie répond en exécutant de la contre-batterie et en canonnant les tranchées, mais en ménageant les munitions qui sont rares. Croyant son succès assuré, à 10h40, pour achever notre débâcle, l'nfanterie ennemie débouche du Bois du Calvaire en colonnes par quatre qui sont immédiatement fauchées par l'artillerie.

Puis, les 2ème et 4ème groupes intensifient leurs tirs, très bien renseignés d'ailleurs et arrêtent la progression ennemie. Saisissant le moment, notre infanterie passe à la contrç-attaque et refoule l'ennemi, baïonnette dans les reins, jusqu'à Maisons-de-Champagne. Pour appuyer cette progression, la 7ème batterie se porte en avant sur la crête et exécute à vue directe des tirs très efficaces sur les fuyards ennemis.

Le combat fut acharné; les Allemands espéraient la percée. Les pertes de l'artillerie furent très sensibles, cinq officiers tués ou blessés, les agents de liaison et signaleurs (à défaut de téléphones encore inexistants) très éprouvés.

Les résultats de ce combat furent importants. La 2ème D.I.C. fit 580 prisonniers, prit un drapeau et améliora ses positions.

Combat du 3 Février 1915. Dès la pointe du jour, l'ennemi manifeste une activité inaccoutumée. A 11 heures précises, violente préparation d'artillerie : l'ennemi canonne toutes nos tranchées avec du 150, les batteries, les voies d'accès et de rassemblement et les débouchés des villages.

Les 3ème et 4ème groupes du 3ème R. A. C. (renforcés de deux groupes métropolitains) exécutent alors un tir d'écrasement sur les tranchées de départ de l'ennemi qu'on voit pleines de monde. A 11 heures 10, l'ennemi reflue en désordre devant le fortin de Beauséjour, mais son attaque s'intensifie sur l'est du secteur de la 2ème D. I. C., vers la Main-de-Massiges et du Cratère. Les 2ème et 4ème groupes du groupement de Minaucourt, prêtent alors leur appui à l'artillerie de la 2ème division, aussi bien pendant l'attaque que pour la préparation de la contre-attaque dans la nuit du 3 au 4 février.

En même temps les 1er et 3ème groupes, installés près de Berzieux, appuient les opérations de la 2ème D. I. C.

Combat du 15 Mai 1915. Le 15 mai, à 18 heures 30, après avoir fait jouer trois fourneaux de mine devant l'ouvrage Pruneau (à l'ouest de Yille-sur-Tourhe, secteur de la 3ème D. 1. C.), l'ennemi envahit l'ouvrage et veut déboucher sur la Tourbe. Les réserves accourent et arrêtent l'ennemi qui est ensuite décimé par une pièce de 75 placée en canonnière dans l'ouvrage du Calvaire.

A la faveur de son hésitation, une contre-attaque est montée. L'artillerie de la 3ème D. I. C. comprenant le groupe Guerrini exécute un engagement parfaitement réussi grâce auquel nos fantassins réoccupent le terrain perdu et font 400 prisonniers. A cett attaque, se distingua particulièrement la 121ème batterie du 3ème R. A. C., batterie de bombardiers, engagée pour la première fois.



Combats offensifs.



Du 8 décembre 1914 au 16 mars 1915, se livrèrent-en Champagne, entre Tahurc et le Calvaire de Beauséjour (région de Minaucourt), une série d'offensives presque ininterrompues où participe brillamment le 3ème R. A. C.

Combat du 20 Décembre (Calvaire de Beauséjour). Le 20 décembre, la 6ème brigade attaqua la tranchée du Calvaire de Beauséjour. Les troupes d'attaque étaient appuyées par le 3ème R. A. C. renforcé du groupe territorial du 50ème d'artillerie, du 1er groupe du 1er R. A. C., d'une batterie et d'éléments d'artillerie de 47; 65, Cellerier armés par le 3ème R. A. C.

La préparation d'attaque fut exécutée par des procédés qui furent codifiés ensuite et rendus réglementaires par le G. Q. G. Après une préparation de 45 minutes seulement (8 h. 30 à 9 h. 15), durant laquelle le 4ème groupe exécuta douze brèches très pratiquabl dans les réseaux (l'application de la méthode de Chalons) et pendant laquelle les 2ème et 3ème groupes du 3ème R. A. C. et le G. T. du 50ème d'artillerie bouleversèrent les tranchées et organes de flanquement pouvant agir dans le secteur d'attaque, les 1er et 2ème groupes du l'r R. A. C. neutralisaient les batteries ennemies, l'infanterie réussit son attaque, protégée par un barrage qui la précédait, et se fixait sur chaque tranchée qu'on allait attaquer.

Combat du 28 Décembre 1914. L'objectif de l'attaque était la verrue de la Main-de-Massiges; le 3ème R. A. C. avait mission d'exécuter la contre-batterie et de faire, par ses feux, une diversion vers le Calvaire de Beauséjour. Le 1er R. A. C. appuyait directement l'attaque. En raison de la brume, les tirs furent réglés à courte distance par des observateurs placés dans les tranchées conquises le 20 décembre. L'attaque échoua en raison du mauvais temps et par suite du manque de vues rendant illusoire l'appui de l'artillerie.



Combat du fortin de Beauséjour - (30 Décembre 1914 au 28 Février 1915).



Une dure série de combats fut engagée pendant deux mois pour la conquête du Fortin de Beauséjour et le développement des succès obtenus. Ces attaques furent menées successivement par la 1ère brigade du 1er C. A., puis par la 2ème D.I.C. puis par des éléments de la 3ème D. I. C., puis par le 4ème C A., puis par le 16ème C. A. Toutes ces attaques furent appuyées par le groupement d'artillerie de Minaucourt.

D'une manière générale, ces attaques réussirent, appuyées par l'artillerie dans les conditions de l'attaque du 20 décembre, mais en écourtant toujours la préparation qui fut réduite jusqu'à 15 minutes. Le Fortin, le Bois Oblique furent enlevés, mais on ne put jamais progresser jusqu'à Maisons-de-Champagne.

Tous ces succès étaient payés très cher par l'artillerie. Outre les pertes subies du feu de l'ennemi, l'artillerie de campagne traversa, du 30 décembre 1914 au 15 mars 1915, une pénible période durant laquelle, par suite d'éclatements prématurés, 33 canons du groupement de Minaucourt sautèrent, causant la mort d'un grand nombre de sous-officiers et de servants. Ces accidents furent imputables, tant à la défectuosité des munitions fabriquées dans les premiers temps de la guerre qu'à l'exécution de tirs trop rapides et trop soutenus érodant et encuivrant les canons qui ont tiré en moyenne, durant les deux premiers mois de 1915, un total de 5.000 coups chacun.

Du 16 mars au 1er juin 1915, il n'y eut aucune opération importante sur le front du 3ème R. A. C. qui fut relevé le 2 juin, rassemblé dans le voisinage de l'Epine (près Châlons) et embarqué le 8 juin pour Amiens.

Le 3ème R. A. C. fut au repos du 8 juin au 15 juillet, d'abord à Picquigny puis à Ampliers, près Doullens, puis à Bonneville (Somme). Le 15 juillet, il s'embarquait en chemin de fer, était débarqué en Champagne, stationnait à Courtisols, formant dans la région de Suippes, des unités de travailleurs en vue d'équiper offensivement le secteur pour la bataille de Champagne.

Durant cette période, le régiment se compléta en hommes et en chevaux, reçut des effets d'habillement bleu horizon, des casques et des chaussures, des téléphones, des instruments d'optique et fit constamment de l'instruction en vue de se repréparer à la guerre de mouvement.

Bataille de Champagne.



Le 12 août 1915, le 3ème R. A. C. allait, par voie de terre, de Courtisols à Maffrecourt. Les deux groupes occupèrent, le 15 août, la position avoisinant Maihny et construisirent des positions de batteries pendant qu'ils étudiaient le terrain. Le 1er septembre, l'artillerie de corps était mise à la disposition de la 2ème D. 1. C., à l'exception de la batterie d'artillerie de tranchée qui restait à la 33ème D. I. C. et préparait ses emplacements à l'ouvrage Pruneau.

Du 1er au 15 septembre, sans tenir le secteur, les deux groupes préparaient leur entrée en action : Le 2ème groupe s'installait dans le ravin en dents de scie à l'ouest de la cote 181 (sud-est de Virginy). Le 3ème groupe s'installait en position de crête sur les bords du ravin de commandement.

Sous l'impulsion du général Pétain, commandant la IIème armée, on élabora le plan d'attaque de la Main-de-Massiges et, pour la première fois, il fut rédigé un plan complet d'emploi de l'artillerie entrant dans tous les détails de la préparation et de l'appui de l'attaque.

Le plan d'emploi de l'attaque indiquait les bonds à faire par des feux d'artillerie pour protéger la progression de notre infanterie; il prévoyait le moment où les batteries seraient portées en avant par échelon pour exploiter le succès et percer le front. L'ennemi s'aperçut sans doute de nos projets et chercha à nous gêner par l'exécution de nombreux tirs d'artillerie. Il ne réussit qu'à démolir une casemate de 47 et à mettre hors de combat quelques officiers et quelques hommes.

Le 25 septembre, à 9 heures 15, l'attaque se déclencha. Dans le secteur de la 2ème D. I. C., les troupes, bien appuyées par leur artillerie, progressent par les dorsales des croupes de la Main-de-Massiges. Dès 10 heures, la batterie de 65 accompagne les troupes et se porte sur l'Annulaire en même temps qu'une autre batterie du même groupe également du 3ème R. A. C. A 15 heures, la Main-de- Massiges est conquise, mais il y a une forte résistance sur la Chenille, au nord de 199, que nous occupons et où l'artillerie envoie immédiatement des observateurs qui règlent des tirs dans la vallée de la Dormoise quand le téléphone n'est pas coupé.

Dans le secteur de la 3ème D. 1. C., la batterie de bombardiers du 3ème R. A. C. se précipite à l'attaque avec la troisième vague; elle franchit les réseaux et les entonnoirs qui bordent L'ouvrage Pruneau, mais elle est décimée par les mitrailleuses, perd tous ses officiers, les deux tiers de ses sous-officiers tués dans les lignes ennemies que nous évacuons après les avoir conquises.

Le 26 et le 27, continuation des attaques : deux batteries du 2ème groupe du 3ème R. A. C. sont poussées en avant dans le ravin du ruisseau de l'Etang; elles sont presque vues directement, mais font de bonne besogne.

Le 28 septembre, la 32ème division s'intercale entre la 2ème D.I.C. et la 3ème D.I.; elle n'a pas d'artillerie; le 3ème R. A. C. formera son artillerie divisionnaire qui l'aidera à progresser sur toutes les croupes et dans les ravins jusqu'à la route de Maisons-de-Champagne et l'ouvrage de la Défaite.

Après quatre jours de détente sur place, l'attaque est reprise le 5 octobre au matin par les mêmes éléments, mais on est essouflé et, malgré des prodiges de valeur, nos succès sont très limités. L'ennemi réagit d'ailleurs avec une violence à laquelle on n'est pas accoutumé; outre les obus explosifs, il envoie de nombreux obus à gaz contre les effets desquels nous sommes mal protégés par le masque primitif qui a été fourni. Le 3ème groupe est particulièrement éprouvé.

Le 3ème R. A. C. reste en position jusqu'au 4 novembre, date où il est relevé et date où l'ennemi exécute sur le front de Champagne sa première attaque précédée de nappes gazeuses de chlore.

Le 4 novembre, le 3ème R. A. C. est mis au repos au cantonnement d'Elise.



Offensive de la Somme.



Au début de décembre 1916, le 3ème R. A. C. est transporté par chemin de fer dans l'Ile de France et stationne à Pont-Saint-Maxence où il jouit durant un mois d'un repos réparateur, propice à la reconstitution et à l'instruction des unités.

Le 10 janvier, le 3ème R. A. C. se dirige par voie de terre sur le camp de Crévecœur (stationnement de Crévecœur), où il participera avec tout le corps d'armée à des manœuvres d'instruction. Ces manœuvres, fort intéressantes, précisent la tactique de l'infanterie en coordination avec l'artillerie, en s'inspirant des enseignements de la bataille de Champagne et en vue des offensives ultérieures; elles consacrent l'excellence des principes toujours admis au 3ème R. A. C., savoir : liaison continue et constante avec l'infanterie; observation directe terrestre des commandants de groupe et d'unités installés en permanence à des P. O. d'où ils voient leurs objectifs et leurs batteries.

L'instruction au camp de Crévecœur dure du 15 au 28 janvier 1916; il est prévu que cette période sera suivie d'un repos pour tout le monde, mais le 28 janvier, les événements de Frize changent les prévisions et, à la suite des succès locaux des Allemands, il est décidé que le C. A. C. viendra relever la 5ème D. I. en occupant le secteur entre Somme et Soyecourt par l'infanterie d'une seule de ses divisions, appuyée par l'artillerie des deux divisions du C. A.

Au sud, le secteur est occupé par la 16ème D. 1. C. qui fait, pour le moment, partie intégrante du corps colonial avec les 2ème et 3ème D. I. C. et qui, pour appuyer son infanterie, reçoit d'abord l'appoint du 3ème R. A. C. et du 1er groupe du 3ème R. A. C.

Le 3ème R. A. C. s'installe en batterie dans la région de Rosières-en-Santerre et participe à l'équipement offensif du secteur. Il y stationne jusqu'en juin sans manifester de fatigue et sans que diminue son ardeur combative, bien que soumis fréquemment à des tirs violents et, en avril 1916, à une émission de nappes gazeuses qui lui inflige des pertes sensibles.

En juin 1916, après quatre jours de repos seulement, le 3ème R. A. C. est mis à la disposition de la 3ème D. I. Ç. pour participer à la bataille de la Somme.

Dernier arrivé dans le secteur, il ne reçoit pas de mission d'appui direct de l'infanterie, mais on lui confie la lourde tâche de neutraliser ou détruire les batteries ennemies et de préparer l'attaque de la deuxième position, en sorte que cette position, distante de plus de 3 kilomètres de la première, puisse être attaquée et enlevée en même temps que la première dès le premier jour de l'attaque.

A cet effet, le 3ème R. A. C. est poussé très en avant : le 3ème groupe à 400 mètres de notre première ligne, entre le château de Fontaine-les-Cappy et Dompierre; le 2ème, à l'est de Fontaine-les-Cappy.

L'efficacité des tirs du 3ème R. A. C. fut reconnue lors de notre avance : la plupart des batteries ennemies étaient détruites, celles qui avaient résisté furent neutralisées pendant l'attaque. Le 3ème R. A. C. prépara si bien l'attaque de la deuxième position (entre Herbécourt et Assevillers) que cette position tomba complètement entre nos mains le 2 juillet, la première ayant été conquise précédemment.

Dès la conquête du premier objectif, les groupes du 3ème R. A. C. se portèrent audacieusement en avant, dans la région d'Assevillers, à moins de 1.200 mètres des Roches, les commandants de batterie et de groupe se portèrent aux lisières d'Assevillers pour être en contact intime avec les unités d'assaut.

Du 2 au 5 juillet, le 3ème R. A. C. prêta à la 3ème brigade coloniale un appui efficace, en sorte que Belloy-en-Santerre fut enlevé, ainsi que toute la troisième position. Il ne restait plus devant nos troupes, le 4 juillet à midi, ni une tranchée boche, ni aucune unité constituée ennemie.

Durant cette première période de l'attaque, le 3ème R. A. C. éprouva très peu de pertes; l'ennemi, démoralisé, avait perdu ou retiré son artillerie, mais, dès le 5 juillet, l'ennemi s'était ressaisi, ses avions sillonnaient le ciel en grand nombre, repéraient sans difficulté nos batteries établies en rase campagne, sans abris; de plus, le corps colonial, qui, seul, avait progressé d'une manière aussi sensible, avait créé dans des lignes boches une poche de 4 à 5 kilomètres de profondeur. Il en résulta que, soumise à des tirs de concentration provenant de tous les points de l'horizon, l'artillerie commença à souffrir énormément. Une demi-batterie de 58 fut anéantie sur une route où elle s'était engagée avant la tombée de la nuit.

Du 4 au 25 août, il a perdu dans cette période 15 officiers et 181 hommes (pour 6 batteries, soit l'effectif presque complet des batteries de tir).

Le régiment avait le plus pressant besoin d'être reconslilué. Il fut mis au repos et allait occuper le secteur de Suippes, en Champagne. Le repos dura du 25 août au 1er décembre.



Offensive de 1917.



Au 1er décembre 1916, le C.A.C. rentre en secteur, le 3ème R.A.C. est mis à la disposition de la 2ème D. I. C. Tous les mois, on change d'emplacement en appuyant vers le sud, de façon à exécuter, pour un front d'attaque de trois corps d'armée, de très importants travaux d'équipement offensif.

Les unités du 3ème R. A. C. construisent des positions de batterie, des P. C., des P. 0., des magasins à munitions, dès lignes téléphoniques et se trouvent, le 15 mars 1917 dans les bois de Crapeaumesnil, région de Montdidier.

Le 15 mars, le Boche exécute son repli stratégique, dit Alberick, poursuivi de très près par nos troupes.



Réné CYNE passe au 88ème Régiment d'Artillerie Lourde le 5 mars 1917.



Le 2 mars 1917 sont créés les 3ème, 4ème et 6ème groupes.

Le 31 mai 1917 le 5ème groupe arrive à Saint-Nicolas-du-Port, le 3ème à Laneuville-devant-Nancy. Le 2 juin 1917 le 6ème groupe arrive Dombasle-sur-Meurthe, le 4ème groupe à Saint-Nicolas-du-Port le 7 juillet 1917.

Les différents groupes subissent des périodes d'entraînement, tirs à longue portée de Champenoux et d'Einville, mise en batterie à Thiaville, Mervillers, Paroy, le Mont Saint Jean, le bois de la Cuite, etc...

Le 88ème régiment d'artillerie lourde à tracteurs a prêté son concours lors des différentes offensives tandant à dégager la place de Verdun. Ses pertes ont été sérieuses, du fait du feu de l'ennemi, et de ceux des gaz toxiques et des bombes d'avions.

Le 1er groupe prend position dans la forêt de Hesse le 23 juillet, face à la cote 304. Le 2ème groupe met en batterie dans le bois de Verrières (forêt de Hesse). Le 3ème groupe, au ravin de la Poudrière (nord-est de Verdun), le 8 juillet 1917. Le 5ème groupe met en position au sud du fort de Tavannes et près d'Haudainville, le 11 juillet. Pendant cette période, s'étendant de premiers jours de juillet à fin août pour les uns, fin octobre pour les autres, ces groupes participent à toutes les attaques déclenchées dans la région : côte du Talou, cote 344, bois Le Chaume, etc. Une très forte proportion d'hommes sont gazés, surtout les 19 et 20 août.

Le 4 septembre, le 1er groupe, vu ses pertes très sérieuses, est mis au repos et dirigé sur Châtillonsur-Broue (Marne). Le 2ème groupe fait mouvement sur sa zone de repos : Giffaumont, près Saint-Dizier. Le 3ème groupe vers Droyes, près Montier-en-Der (25 septembre). Le 5ème groupe s'installe, le 12 octobre, à Champaubert, près de Saint-Dizier. Dès le 7 octobre, toute cette artillerie forme un groupement dit « de Vitry ».



Campagne d'Italie - 1917.



Le 6ème groupe a eu l'honneur, aux côtés de plusieurs groupes du 90ème R. A. L. T. de participer aux attaq contre les Autrichiens sur le Moyen-Isonzo. Départ de Nancy le 11 septembre; arrivée à Cormons (Autriche) le 15. Tir de préparation à longue portée jusqu'au 29 septembre, jour de l'attaque.

Le 9 octobre, le groupe est rappelé en France. Officiers, sous-officiers, soldats rejoignent Bailly-le-Franc (Aube).



Verdun (1917) 2ème période.



Le 1er groupe prend position, le 22 octobre, près de Bras Le 3ème groupe, dès le 3 novembre, occupe ses anciens emplacements de juillet (ravin de la Poudrière). Le 4ème groupe, le 21 octobre, met en batterie dans la forêt de Hesse. Le 5ème groupe, le 15 novembre, occupe ses positions du bois des Hospices. Le 6ème groupe s'installe dans le ravin de la Poudrière de Souville, le 8 novembre. Toutes ces formations concourent à la prise des fortes positions de la rive droite et en particulier de l côte du Poivre.

Les 1er et 3ème groupes quittent la région de Verdun le 24 décembre, après cinq mois de secteur coupés d'un repos. Le 4ème groupe fait de même le 27 décembre, après deux mois de secteur et un repos; le 6ème groupe également, après deux mois de secteur.

Tous ces groupes vont cantonner dans les environs de Neufchàteau, se dirigent sur le C. A. A. L. de Noailles. 155 G. P. F. et 145 constitueront désormais les matériels mobiles et puissants dont on dotera les artilleurs du 88ème R. A. L. T. qui, eux aussi, veulent faire la guerre de mouvement. Ils la feront en 1918, de Lorraine en Belgique.



Période de réorganisation et de regroupement.



L'état-major du régiment quitte Isle-sur-Marne, près de Saint-Dizier, le 2 janvier 1918, stationne quelques jours à Poisson (Haute-Marne) et se fixe le 28 janvier à Bourlemont-Frebecourt (Vosges). Le 1er groupe stationne d'abord à Noncourt (Haute-Marne), puis le 29 janvier à Domrémy-la-Pucelle (Vosges). Le 2ème groupe, après avoir touché ses pièces de 155 G. P. F. à Noailles, rejoint Sionne (Vosges) le 30 janvier. Le 3ème groupe, doté également de 155 G. P. F., rejoint Trariqueville-Graux (Vosges) le 12 février. Le 5ème groupe stationne, depuis le 26 janvier, à Maxey-sur-Meuse; le 6ème groupe à Frebecourt, le 28 janvier.

Le 2 mars, l'état-major fait mouvement sur Diarville (Vosges). Le 1er groupe quitte son cantonnement le 3 mars, pour aller toucher lui aussi du G. P. F. à Saint-Dizier. Le 4ème groupe, retournant à Noailles, s'installe le 5 mars à Housseville (Vosges). Les 2ème et 5ème groupes sont envoyés dans le secteur du 32ème corps d'armée pour prêter leur concours à des opérations de détail exécqtées par ce corps d'armée. Positions de ces groupes : Ville-au-Val et la forêt de Puvenelle. Les 3ème et 6ème groupes sont employés d'une façon analogue par le 7ème corps d'armée dans la égion de Baccarat, Pettonville, Manonvillers et Vaxainville.

A cette époque, les sections de munitions sont dissoutes. Le 8 janvier 1918, un groupe de sections de transport est constitué à Martigny-les-Gerbonveaux. Ce groupe, durant tous les combats de 1918, aura la lourde tâche d'assurer le ravitaillement en munitions non seulement du régiment, mais souvent aussi de l'artillerie de campagne et quelquefois de l'infanterie. Quand il recevra sa section de caterpillars des besognes aussi pénibles que dangereuses lui seront confiées. A cette section du groupe de section de transport reviendra notamment l'honneur d'avoir transporté, dans les nuits des 16, 17 et 18 juillet 1918, un grand nombre de tanks qui se sont élancés de la forêt de Villers-Cotterêts sur les lignes allemandes, lors de l'offensive du général Mangin.



Attaques ennemies sur Montdidier.



Le 27 mars, au plus fort de l'offensive allemande, le régiment reçoit l'ordre de se regrouper pendant le trajet : Diarville-Saint- Martin-aux-Bois (sud de Montdidier). Les groupes, au total plus de 1.800 hommes, 350 véhicules et 40 canons, sont dirigés à marches foroées au sud de Montdidier où l'on craint une très forte attaque ennemie. Le 1er groupe muni de vieux canons de 120 long système de Bange, rejoint d'urgence le régiment et se met en batterie près dé Neufvy. Les 2ème et 6ème groupes se placent dans la région de Ressons-sur-Matz; le 3ème groupe dans celle de Montgerain; le 4ème groupe dans celle de Maignelay; le 5ème groupe dans celle de Ferrières.

Objectifs de tous ces groupes les agglomérations ennemies de la vallée de l'Avre, en arrière de Montdidier.

L'attaque prévue ne se produit pas. Le régiment est retiré du front défensif et va stationner dans la région d'Erquinvillers (sud de Saint-Just-en -Chaussée).



Attaques ennemies en Belgique (1918).



Les 25 et 27 mars, le régiment reçoit l'ordre de se diriger à marches rapides vers la Belgique. Deux jours suffisent pour accomplir ce long trajet, les étapes étant de 120 kilomètres. Itinéraire suivi : Villers-Bocage (25 avril), Saint-Omer (26 avril). Arrivée à Watou (Belgique) le 27 avril. C'est le jour de la bataille du Kemmel et de la prise de Locre; c'est la veille de l'attaque d'Ypres.

Les unités se dirigent sur des positions sommairement reconnues, Elles doivent se frayer un passage sur des routes encombrées de fuyards civils, de troupes revenant du combat, les uns et les autres emportant pour le sauver, un matériel des plus hétéroclite.

Le 1er groupe met en batterie à Boeschepe; Le 2ème groupe, près de Godevaerswelde d'abord, de Poperinghe ensuite; Le 3ème groupe, près de Abeele, Le 4ème groupe, près de Abeele, Le 5ème groupe près de Godevaerswelde ,le 6ème groupe, près de Poperinghe.

Ces occupations sont faites en partie de nuit, au son du roulement infernal de l'artillerie. Les méthodes astronomiques de pointage sont fortement mises à contribution; la justesse du tir en est reconnue dans un communiqué allemand qui se plaint de la « barbarie du tir français » sur les cantonnements de Wystchaete.

A des combats très durs le jour, à l'énervement causé par l'aviation ennemie la nuit, il faut ajouter pendant cette période des incidents très malheureux du fait du matériel (éclatements). Ce sont des journées pénibles pour les hommes qui tirent sans aucun répit. Le ravitaillement en munitions doit se faire, dans des conditions déplorables et la section de transport est bien souvent à la peine.

Les attaques se succédant sur les monts des Flandres, le régiment participe à la défensive jusqu'au 6 juin. Les groupes 1, 5 et 6 étaient partis depuis le 2 juin.



Offensive de la Somme - (juillet, août 1918).



Sous le couvert de parer à une nouvelle offensive allemande, les groupes sont dirigés en toute hâte dans la région de Breteuil. Les ordres sont : « marches sans étapes, quatre heures de route, deux heures de repos »; ordre inexécutable à la lettre, mais faisant nettement ressortir l'urgence du mouvement. Flottements inévitables; marches et contre-marches surtout pour les groupes partis de Belgique le 2 juin, lesquels furent d'abord dirigés vers la forêt de Villers- Cotterêts.

Le 1er groupe met en batterie le 8 juin, dans la région de Quiry-le-Sec. Il quitte ses positions le 10, passe son matériel à la 60ème batterie du 3ème régiment d'artillerie à pied et se dirige sur Saint-Maur pour y toucher du 155 G. P. F. Le 2ème groupe occupe successivement, du 8 au 15 juin, les positions de Chepoix et Boves. Le 3e groupe met en batterie dans les bois de la Faloise. Le 4ème groupe s'installe à Estrées-sur-Noye et au bois de Cottenchy. Le 5ème groupe occupe les positions de Garnies. Le 6ème groupe prend position à Tartigny .

Toutes ces batteries avaient été placées à dessein à l'ouest de la voie ferrée Amiens-Paris. Des positions de repli sont également aménagées plusieurs kilomètres à l'arrière. En outre des tirs normaux exécutés avec le concours de l'escadrille Bréguet no 231 (appartenant organiquement au 88ème R. A. L. T.) des sections isolées vont, la nuit, occuper des positions avancées. Elles tirent sur des cantonnements de repos ennemis ou sur des Q. G. allemands qui, jusque là, avaient joui d'une douce tranquillité.



Attaque de Castel _ 12 juillet 1918.



L'état-major du régiment se transporte à Cbaussoy-Epagny. Le 1er groupe s'installe au bois de Boves, où se, trouve encore le 2ème groupe. Le 3ème groupe reste à la Falote; le 4ème groupe près d'Estrées-sur-Noye. Les 5ème et 6ème groupes se mettent en batterie dans la région de Chaussoy-Epagny, Berny-sur-Noye. Cette attaque réussit parfaitement.

Le 14 juillet, le 6ème groupe,est dissous; une de ses batteries passe au 5ème groupe.



Attaque de MaillyèRaineval et de Sauvillers (23 juillet 1918).



Le 1er groupe descend légèrement vers le sud (bois de Tartigny); le 5ème groupe retourne à Gannes. L'attaque du 23, menée au centre par le 9ème corps d'armée, donne de très beaux résultats : capture de pièces de canons, clé, 4.000 prisonniers et récupération d'une batterie de 145 qui était restée entre les lignes près de Mongival. Les villages de Mailly-Raineval, de Sauvillers-Mongival sont pris.



Offensive pour le dégagement d'Amiens (8 août 1918).



L'état-major du régiment se porte, le 1er août, à Estrées-sur-Noye. Le groupement comprend : Le 2ème grou (région du Paradol et du bois de Fouencamps) ; Le 3ème groupe (bois de la Faloise) ; Le 4ème groupe (Estrées-sur-Noye et Cottenchy) ; Un groupe de 155 Schneider modèle 1917 (région de Rouvrel); Deux groupes de 240 (région de Cottenchy) ; Deux trains d'A. L. G. P. (région de Boves).

Le 8, l'attaque se déclenche. La prise de Morisel et de Moreuil permet le passage de l'Avre pour l'exploitation du succès. Dès lors, l'attaque de Roye est envisagée. Le 1er groupe se porte dans la région d'Ailly-sur-Noye, à l'est de Moreuil, puis le 10 au sud du Quesnel. Le passage de l'Avre a lieu sur les ponts existant dans la région de Thennes. Le 17, ce groupe occupe une position dans le ravin de Guerbigny. Le 2ème groupe se porte, par Thennes, au ravin de Bâle et à la Neuville-Sire. Bernard le 9 à la çote 89, près Arvillers, le 11 août. Le 3ème groupe se porte dans la région d'Ainval et de Lignières, le 12 août. Le 4ème groupe, par les ponts de la région de Boves, se porte à Môrisel le 8 août, près d'Hangest-en-Santerre le 10, et devant Erches le 16 août. Le groupe D met en position près Laboissière, le 13. Le colonel VAILLANT installe son P. C. le 9 à Morisel, à Hangest-en-Santerre le 10, au carrefour de Lapinville le 18. Le 22 août, le 2ème groupe tire sur Roye avec des pièces allemandes de 210 capturées le 8 au bois de Genonville. A noter que ce matériel avait appartenu à une batterie contrebattue par ce même groupe.

Tous les groupes ont tiré furieusement du 8 au 25 août. Aux dires des prisonniers faits dans la région, l'efficacité de leur feu n'a pas été étrangère à la débâcle de l'armée von Huttier.

Le 1er groupe est dissous le 1er septembre. Il passe une batterie au 4ème groupe et une batteri au 3ème groupe.



Attaque du massif de Saint Gobain et de Laon.



Les groupes sont retirés de la région de Roye le 26 août pour être dirigés sur la 10ème armée. L'état-major du régiment s'insfalle à Vassens le 27; Le groupe II, à Blérancourt. Le groupe C, à l'ouest de Vezaponin. Le groupe D, à Morsain. Le groupe S. T., à Attichy; Le groupe B est détache au 20ème corps d'armée et met en batterie près de Serches (nord-est de Soissons).

Le groupe II occupe ensuite des positions à TroslyLoire et à Crécy-au-Mont. Le groupe C met en batterie au Banc-de-Pierre, près de Crécy-au-Mont. Le groupe D s'installe à Guny, puis à Juvigny. Le groupe B, le 10 septembre, s'installe près Leury. L'état-major se transporte dans la région de Guny le 5 septembre et à Juvigny le 9.

L'attaque de l'Ailette a lieu. Le régiment subit des pertes sensibles; le matériel fatigue énormément, les entrées et les sorties de batteries sont très pénibles; les caterpillars rendent de grands services. Les groupes participent à toutes les actions. Celles-ci ne permettent pas aux troupes françaises de s'assurer la possession immédiate de Laon, mais elles rejettent l'ennemi sur ses anciennes lignes de 1917. La vue de nombreux prisonniers raffermit toutes les volontés.

Le 20 septembre, les groupes sont retirés du front et font mouvement sur la Champagne. Le groupe D va à Troyes, changer son matériel.



Bataille de Champagne et des Ardennes (septembre, octobre et novemmbre 1918).



Par Soissons, Neuilly-Saint-Front, Dormans, les groupes II, B et C font mouvement et arrivent le 2 dans la région de Villers-Agron et Goussencourt. Le régiment se trouve aux ordres de la 5ème armée et travaillera comme dans les secteurs d'attaque des trois corps d'armée échelonnés sur la Vesle, de l'est de Fismes à l'ouest de Reims.

Installation des batteries dans des conditions très précaires. Nombreux mouvements des échelons qui n'arrivent jamais à se caser tant la densité des troupes est considérable et les terrains de stationnement impraticables. Les mouvements doivent être nécessairement exécutés avec beaucoup de discrétion; toutes les mises en batterie se font de nuit. Gros effort du personnel conducteur qui doit diriger, sur des routes couvertes de troupes, un matériel lourd et encombrant. Impressions générales : le silence et l'obscurité.

Attaque de la ligne de la Vesle le 30 septembre à l'aurore. Intensité de feu énorme. Déclenchement immédiat de toute l'artillerie qui s'était tue jusqu'à cet instant. Dans la journée et le lendemain, retraite de l'ennemi qui se retire en faisant sauter routes, ponts et carrefours, en détruisant les voies et incendiant les villages. La Vesle ne peut être franchie qu'après la construction de ponts pour l'artillerie lourde.

Les déplacements successifs des groupes sont : Groupe Il : Champigny (1er octobre), Brimont (5 octobre), Poilcourt (14 octobre), Avançon (20 octobre). Groupe B : Trigny, Châlons-sur-Vesle (2 octobre), Courcy (6 octobre), Caurel, Berru, Epoye (détachement du groupe au lar C. A. C., 10 octobre), Avançon (20 octobre). Groupe C : région de Châlons-sur-Vesle (3 octobre). Brimont (6 octobre), Vauboison et Blanzy (du 15 au 20 octobre). Groupe de S. T. : Nanteuil-le-Fossé, Sermiers, Poilcourt. Etat-major du régiment : Trigny (3 octobre), Courcy (7 octobre), Poilcourt (13 octobre). Dans tous ces déplacements, les groupes ont éprouvé de grosses difficultés eu égard à l'état des routes et des ponts. Des mines à retardement ont souvent éclaté non loin de certaines batteries. Des passerelles ont dû être franchies sans que leur résistance soit connue (sur la Suippe, sur la Retourne). L'importance de la poursuite était primordiale.

Les positions occupées après le 10 octobre l'ont été jusqu'au 4 novembre, date de la retraite générale des Allemands.





René CYNE décède le 17 octobre 1918 à l'hôpital complémentaire n°47 à Troyes (Aube).